Pour Dominique Ghaleb, chercheur au CEA, membre du Pôle Industrie de la FNME et représentant confédéral au conseil national de l’enseignement supérieure et de la recherche, il est urgent de relancer et renforcer le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR).

Il n’y aura pas d’action efficace sur le climat sans recherche. La France qui se veut à la pointe du mouvement sur le changement climatique, dans le secteur de la recherche et développement (R&D), comme pour ce qui est de la transition énergétique du reste, est aujourd’hui très loin de mettre en place les conditions optimums pour réussir ! En effet, depuis 2000 (soit la mise en place de la stratégie européenne dite de Lisbonne), en France, les gouvernements successifs, s’inspirant des modes de fonctionnement des entreprises, n’ont cessé de dégrader le service public de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ESR). Les organismes publics de l’ESR sont de plus en plus confrontés à des budgets récurrents en baisse, à des restrictions notables d’effectifs, à une précarisation des emplois de plus en plus prégnante et à la mise en place de financements de plus en plus orientés sur des projets de court-terme.

De ce fait, petit à petit, la recherche française perd sa capacité à faire progresser le front de connaissances sans lequel toute possibilité de réponse aux défis futurs et toute velléité d’innovation sont vouées à l’échec. Ceci d’autant plus que précarité rime avec turn-over et dans le secteur très pointu de la recherche avec perte de compétences sur le moyen-long terme. Dans le même temps, les dépenses de recherche propres aux entreprises, qui aujourd’hui sont bien en dessous de ce qu’il faudrait (à peine 1.2% du PIB), sont peu sujettes à progresser en dépit de la mise en place de politiques d’incitation très couteuses.

En ce qui concerne l’énergie (production, utilisation, transformation, …) ce secteur est l’un des plus importants contributeurs en termes de gaz à effet de serre (GES). De ce fait, compte tenu de l’importance des enjeux énergétiques et climatiques qui se profilent, on aurait pu s’attendre à ce que la recherche y soit un tant soit peu épargnée voire “boostée”. Il n’en est rien… Et le tableau “idyllique” qui règne dans l’ensemble du secteur de l’ESR se répercute pleinement dans sa branche énergie. Par exemple, le CEA, qui est l’un des principaux organismes public de recherche dont les compétences pluridisciplinaires sont un atout sans équivalent dans le secteur de l’énergie, est confronté à de grandes difficultés budgétaires. Egalement, on ne peut pas dire que la recherche fasse partie des priorités des principales entreprises opérant sur le sol français comme par exemple  EDF, GDF-SUEZ (ENGIE maintenant) et TOTAL. Leurs budgets recherche sont dans l’ensemble peu en rapport avec leur chiffre d’affaires (CA) : en général, ils ne dépassent pas 0,7% de leur CA.

Disposer du maximum d’atouts, pour réussir à lutter contre le changement climatique et assurer une transition énergétique capable de répondre aux besoins du pays, dans le cadre d’un développement durable et respectueux de l’environnement nécessite de créer des conditions favorables dans le secteur de l’ESR afin que toutes les options de progrès restent ouvertes. Pour ceci, la CGT pense qu’il est nécessaire de développer une recherche à large spectre qui va du court terme au moyen-long terme.

Il faut donc, premièrement, redonner à la recherche française sa capacité à faire progresser le front des connaissances et faire en sorte que les établissements publics redeviennent les outils essentiels de la politique nationale de recherche. Pour ceci, il nous semble urgent d’y renforcer, nettement et le plus tôt possible, les financements et les emplois publics.

Deuxièmement, l’investissement de la sphère privée dans la recherche se doit d’être plus important surtout dans le secteur de la recherche à moyen et long terme.  De ce fait, partant du principe que le secteur de l’énergie a un caractère incontournable et que les industriels du secteur ont une responsabilité sociale accrue, la CGT demande également que ces industriels soient mis à contribution de façon plus marquée. Il faut qu’un % (à minima 3%) plus important du chiffre d’affaire des entreprises du secteur soit consacré à la recherche. De même, si le secteur de l’énergie a un caractère incontournable, il a aussi un caractère primordial. Sans énergie pas d’économie ! La CGT estime donc que le monde économique, dans son ensemble, doit également être mis à contribution pour assurer la recherche dans ce domaine. Enfin, dans la même veine, il n’y a pas de raison à ne pas mettre à contribution la finance. Pour conclure, la CGT estime que pour gagner la bataille contre le changement climatique il faut changer la nature du système productif. Et, changer la nature du système productif ne se fera pas sans un développement ambitieux de l’ensemble des composantes de la recherche.

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