Si les ambitions sur les questions d’économies d’énergie ou d’accompagnement dans le développement des EnR sont louables, dès lors qu’elles atteignent leur maturité économique et technique, en réalité la PPE s’inscrit sans grande surprise dans l’abandon du service public de l’énergie, la multiplication des acteurs de l’énergie, la concurrence entre salariés et la dégradation de leurs garanties sociales, l’accélération des privatisations et l’accroissement de la dépendance énergétique de la France.

Si les enjeux climatiques sont réels, l’État effectue des choix d’évolution du mix énergétique sans que ceux-ci n’aient d’impacts sur la réduction des gaz à effet de serre.

La production thermique charbon, représente moins de 1% des émissions de GES, alors que les services de cette production sont centraux dans l’équilibre du réseau électrique et sur la qualité de l’électricité fournie. L’arrêt des centrales charbon est donc irresponsable et sans réel impact sur le climat.

Le maintien de la baisse du taux d’électricité produite par les centrales nucléaires à 50% en 2035, avec une douzaine de fermeture de réacteurs d’ici là (hors Fessenheim), ne répond qu’à des objectifs politiciens sans réels assises techniques, cette mesure aura aussi des impacts sur la qualité de l’électricité et sur notre future dépendance énergétique.

Les décisions du président de la République vont entrainer un accroissement de la dépendance énergétique de la France, alors que le déficit commercial est déjà quasi intégralement généré par les importations d’hydrocarbures. Les projets de développement à grande échelle des EnR au niveau européen se concentrent dans des régions hors de la France (Mer du Nord, pays scandinaves, Afrique du nord…). Le choix d’accroissement des inter-connexions va accentuer les importations des EnR.

Les annonces de fermeture de la production d’électricité charbon et nucléaire auront des conséquences énormes sur l’emploi (du travailleur des ports et docks à celui des centrales électriques au charbon, 10 000 emplois sont concernés ; plusieurs dizaines de milliers dans le nucléaire). Face à cela, il est annoncé des myriades d’emplois dans les énergies renouvelable, dommage que ces emplois soient peu nombreux (moins de 4 000 selon l’ADEME dans l’exploitation et la maintenance des éoliennes pour 15 GW installés en France, alors que dans la production thermique c’est 20 fois plus…) ou précaires compte tenu de la multiplicité des entreprises, des contrats de travail ainsi que des statuts et conventions collectives.

D’ores et déjà, la FNME CGT et la Fédération CGT des Ports et Docks appellent à des journées de grève et de mobilisations : le 3 décembre en allant interpeller les parlementaires locaux et devant les fenêtres du ministère de l’énergie le 13 décembre 2018.

La FNME CGT propose que l’ensemble des travailleurs de l’énergie se servent des luttes et mobilisations en cours pour se faire entendre sur l’avenir du mix énergétique compte tenu des annonces de la PPE.

La FNME CGT le répète, seul un nouveau service public de l’énergie est en capacité d’organiser la transition énergétique, de planifier les investissements et transformations nécessaires ainsi que de mettre les travailleurs de l’énergie dans un collectif au service des enjeux climatiques par un statut du travailleur de l’énergie de haut niveau.

Faire le choix du service public, c’est mécaniquement supprimer le marché de l’énergie et amputer les acteurs privés de mannes financières extraordinaires sur le dos de la population, via la CSPE notamment, cette fameuse taxe qui représente plus de 20 % de la facture des usagers sur l’électricité et le gaz.

D’ailleurs, il aurait été bienvenu, compte tenu de la grogne sur le pouvoir d’achat ou du niveau de la précarité énergétique en France, d’annoncer le passage d’une TVA de 20 % sur l’électricité et le gaz à 5,5 % comme ressource de première nécessité !

A cela rajouter une augmentation du SMIC pour atteindre 1 800 € brut, ce qui permettrait à la très grande majorité de la population d’investir dans la rénovation thermique de leur habitat ou dans l’électromobilité, ou dans nos entreprises de revoir à la hausse les grilles de salaires de plusieurs centaines d’euros.

M. Macron n’a eu de cesse de mettre en avant la question de l’accompagnement social de la transition énergétique mais sans poser de mesures concrètes. Rien sur l’organisation des filières industrielles de l’énergie, rien sur les garanties sociales des travailleurs de l’énergie, rien sur la lutte contre la précarité énergétique.

Au-delà de la stratégie d’affichage et de vœux pour l’avenir énergétique exprimés par le président de la République, la FNME CGT exprime ses priorités : Mettre en place le nouveau service public de l’énergie afin d’organiser la transition énergétique pour qu’elle ne soit pas construite sur la mise en concurrence des énergies ou des travailleurs.

De nouveau le 29 novembre 2018, les travailleurs de l’énergie sont appelés à la mobilisation et la grève pour revendiquer le maintien de l’emploi et la création d’un nouveau service public de l’énergie.