Le secteur énergétique vit actuellement des bouleversements sans précédent et ce à un rythme effréné. Quels en sont les rouages ? Au service de quelles stratégies? Et à quel prix, social, économique, industriel ? Éléments de réponse.

En quoi 2015 est-elle une année charnière dans le secteur de l’énergie ?

Marie claire cailletaud

Marie-Claire Cailletaud, animatrice du pôle Politique industrielle et énergétique de la FNME : L’analyse de la CGT est claire en la matière : nous sommes à l’aube de bouleversements très importants, comme en témoignent les derniers événements qui se déroulent de manière concomitante. Nous avons déjà longuement abordé la question de la transition énergétique et des autres lois qui elles aussi renforcent nos inquiétudes sur les questions de la régionalisation de l’énergie ou des transferts de compétences au niveau des territoires. Et il ne faut pas oublier ce qui se passe à une échelle supérieure, au niveau européen, où tout est fait pour que toujours plus de concurrence puisse s’exercer. Comme le montrent la disparition progressive des tarifs réglementés ou la volonté de développer massivement les interconnexions. Pour ce qui concerne plus particulièrement le paysage énergétique de notre pays, nous avons assisté au changement des dirigeants des entreprises, dotés de feuilles de routes très précises. L’exemple de GDF-Suez, rebaptisé Engie, est l’exemple frappant de toutes ces évolutions qui s’accélèrent. Il nous paraît important également de nous pencher sur la réorganisation de l’entreprise EDF autour de trois entités : une regroupant les énergies nouvelles (EnR) et l’hydroélectricité, une autre regroupant le nucléaire traditionnel et le thermique à flamme, sachant que pour ce dernier de nombreux sites sont menacés de fermeture. Et enfin une dernière entité autour du nucléaire « futur » qui se rapprocherait d’Areva, en difficultés financières. Pour en terminer avec cet état des lieux, on ne peut non plus négliger cet événement à venir que constitue la COP 21 [lire encadré ci-dessus] de Paris. Le gouvernement va tenter de redorer son blason et les entreprises d’en faire un grand événement médiatique, sachant que les questions environnementales et donc énergétiques y seront prépondérantes.

Bruno BlanchonBruno Blanchon, animateur de la branche Énergie atomique : 2015 est en quelque sorte l’aboutissement d’un processus, entamé à l’orée des années 2000, de modifications profondes des entreprises de notre secteur.

Un bouleversement d’ordre organisationnel tout d’abord. Que ce soit à EDF, GDF-Suez ou Areva, il y a convergence vers un modèle standard d’organisation d’entreprise en « business units » [BU, appelées aussi centres de profits] et en lignes de produits. Pour les représentants du personnel, les BU sont souvent un système très opaque, en matière comptable notamment. Quant aux lignes de produits, elles sont très utilisées dans l’automobile, l’électronique ou encore à Areva TD : basées sur une organisation géographique plus large que le niveau national, elles facilitent les délocalisations et la mobilité des salariés. Un autre élément de cette convergence de modèles est la mutualisation de différents services, avec un impact direct sur le contenu – et donc le sens – du travail des salariés.

Prenons l’exemple d’un service d’achats : auparavant, les acheteurs connaissaient parfaitement les références des produits et les fournisseurs. Dès lors que le service est mutualisé, les salariés sont dépossédés de leur propre métier : on fait de l’allocation de ressources en fonction des dossiers à traiter. Ce qui par exemple dans le nucléaire a un impact direct sur la sûreté.

Comment savoir qu’un élément est vital lorsque le seul critère de choix est le moins-disant ? On assiste au même phénomène dans la comptabilité, où les salariés se plaignent de ne faire désormais que de la saisie de données. À ces bouleversements organisationnels, il faut rajouter deux autres dimensions importantes. La première avait été théorisée à l’époque à Areva par Anne Lauvergeon [dirigeante d’Areva de 2001 à 2011] qui disait : « Je veux induire chez les salariés le sentiment de l’instabilité permanente. » Soi-disant pour motiver les troupes…

Cette culture de l’instabilité et de l’immédiateté gangrène les processus de travail dans nos entreprises. Même chose lorsque vous entendez un manager vouloir changer d’organisation parce qu’elle est vieille… de cinq ans. Dans des processus longs comme le sont ceux de notre secteur et de nos métiers, cette idéologie est destructrice.

Cela nous renvoie par ailleurs à une autre dimension, celle-ci internationale. L’idéologie dominante actuelle affirme qu’au niveau industriel il n’y aurait plus rien à faire en Europe. Celle-ci aurait évolué de telle manière que nous serions désormais entrés dans une société post-industrielle, une société de services. Toute politique industrielle serait dépassée – voire ringarde – et l’objectif des multinationales serait de se tourner vers les marchés émergents, notamment la Chine. C’est ce qu’on appelle la « French touch », la touche française : nous serions devenus des vitrines technologiques, en nous développant industriellement… à l’étranger. Voilà comment sont délocalisées peu à peu les productions.

La stratégie des entreprises s’inscrit-elle dans ces bouleversements organisationnels et idéologiques ?

yves ledoux

Yves Ledoux, coordinateur CGT du groupe Engie, ex GDF-Suez : Le groupe considère qu’il n’y a plus de grain à moudre – de fric à se faire – en France et en Europe dans la vente d’énergie. Il se tourne donc vers les marchés émergents. Par ailleurs, le groupe mise beaucoup sur la transition énergétique qui se fait peu à peu à l’échelle de l’Europe. La réorganisation se fait donc autour de « plaques » géographiques, sous forme de business units (BU) avec des cycles de décision plus courts que dans l’organisation précédente. Le tout avec certains écueils… Comme celui de la mutualisation des fonctions centrales, qui vont être pour partie agglomérées au niveau de la tête de groupe et par ailleurs délayées dans les BU. Ce qui impactera autour de 6 000 salariés, sous forme de suppressions d’emplois, de mobilité, de changements de métiers… L’autre écueil est le rapprochement, au sein des BU, de la partie énergie et de la partie services, cette dernière étant censée se développer de manière importante en France et en Europe. Dès lors que les services seront prépondérants, en nombre et en volume, le statut des IEG risque de ne plus être appliqué(1). Il y a donc des risques importants sur les garanties collectives des salariés, quelles qu’elles soient. D’où notre volonté de proposer la négociation d’un contrat social transverse, à l’échelle européenne, qui garantisse les conventions collectives et statuts et préserve l’emploi, quelles que soient les réorganisations ou réformes.
1) Dans une entreprise, le statut des IEG ne peut être appliqué que si l’activité prépondérante est l’énergie.

B. B. : A Areva, la lettre-cadre de Baroin (2) qui réclamait du groupe une rentabilité à deux chiffres, n’a toujours pas été mise au placard. Tant qu’on restera dans des objectifs à court terme, tant qu’on déconnectera le modèle économique de nos entreprises de la réalité technique, on continuera à avoir des stratégies perdantes et à vider le pays de ses outils industriels et surtout des compétences qui s’y sont développées.

Le problème d’Areva n’est pas qu’un problème financier : l’avenir de l’entreprise s’inscrit dans l’organisation globale du secteur et sa future stratégie. Mais quelle est-elle ?

C’est la question que nous posons au gouvernement. La stratégie est-elle de tuer la filière nucléaire ? De n’être qu’une vitrine technologique et de fabriquer du nucléaire ailleurs ?
2) François Baroin, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de juin 2011 à mai 2012 dans le gouvernement Fillon III.

philippe pagePhilippe Page, représentant syndical CGT au CCE (Comité central d’entreprise) d’EDF : Dans la stratégie d’EDF figure une composante qui vise à diluer voire faire disparaître les valeurs de service public – valeurs qui existent dans les entreprises depuis leur création en 1946 – pour faire la part belle aux valeurs du marché. On assiste aujourd’hui à des tentatives de dilution des droits sociaux et des garanties collectives des salariés, notamment le statut national des IEG. Dans le cadre de réorganisations, des filialisations d’activités sont effectuées hors champ statutaire : nous avons les exemples autour des activités tertiaires (comptabilité, informatique, télécoms…) dont certaines passent dorénavant sous la convention collective Syntec, déjà largement utilisée par le patronat notamment dans la sous-traitance nucléaire.

Nous avons aussi l’exemple de l’hydraulique qui peut désormais se retrouver entre les mains du privé : ce qui pose la question du statut des salariés de ce secteur et de son organisation globale au sein du mix énergétique du pays. On assiste également à des casses d’effectifs qui dans d’autres entreprises s’apparenteraient à des plans « dits » sociaux : tout laisse à penser que le secteur Commerce d’EDF va voir ses salariés passer de 13 000 à 11 000, soit 2 000 emplois en moins… Regardons les choses en face. Une nouvelle direction arrive, avec un schéma de réorganisation et, parallèlement, de nouvelles lois qui modifient les paramètres précédents. Tous les éléments pour dynamiter cette entreprise sont sur la table ! Il suffit de les coller… La production ? Le thermique à flamme : con-damné à la fermeture si nous n’imposons pas d’autres choix. Le nucléaire : stigmatisé et plafonné par la loi. L’hydraulique : promis au bradage pour le privé. Les EnR : hors statut des IEG. La distribution ? Son schéma est menacé par les projets de loi sur la régionalisation. Le commerce ?

Tout le monde annonce la fin des tarifs régulés. Les activités tertiaires ? Mises en concurrence directe, avec externalisations à la clé. Et alors que nous parlons d’entreprises, les patrons ne parlent que de groupe, ce qui permet de diluer les droits sociaux, de sous-traiter davantage d’activités, d’effectuer des tours de passe-passe entre entités statutaires et les différentes filiales. Et au bout du compte d’avoir une majorité de salariés qui ne soient plus sous le statut des IEG, leur convention collective historique.

franck traversariFrank Traversari, animateur de la branche IEG : Le fait est que personne ne tire le bilan de dix ans d’échec de l’ouverture du marché telle que l’Europe la réclame. Au contraire, le gouvernement avance encore plus sur la voie de la libéralisation et de la concurrence, notamment au travers des projets que sont la loi métropole ou la loi de transition énergétique. Les entreprises, elles, se préparent aux évolutions du marché. Nous ne sommes plus sur les questions de service public ou d’intérêt général, des notions visiblement absentes dans la tête de nos dirigeants.

Et cette situation a évidemment des conséquences sur les salariés, avec le risque de voir leurs statuts historiques dépérir. Aujourd’hui on compte 140 000 agents actifs statutaires : il devrait y en avoir le double, compte tenu de la sous-traitance ! C’est bien un combat qu’il faudrait relancer… Soyons vigilants. Lorsque les entreprises s’attaquent aux fonctions supports, ce n’est pas anodin : il faut que les salariés prennent conscience que ce qui arrive aux uns arrivera, inéluctablement, aux autres. Dans le débat public, on voit revenir régulièrement la question du tarif agent. Ce n’est pas non plus anodin : il s’agit de campagnes de dénigrement pour rabaisser le statut social des salariés. On voit bien que la plupart des entreprises jouent sur la réduction de la masse salariale et s’adonnent au dumping social. Il serait faux de croire qu’être aujourd’hui salarié d’EDF empêcherait d’être touché de la même manière que les salariés de GDF Suez, d’Eon ou de la Snet. Car c’est au nom de la concurrence que tout sera fait pour rogner ou enlever leur statut aux salariés.

marie christine nadeauMarie-Christine Nadeau, co-animatrice du pôle Politique industrielle et énergétique de la FNME : Face à l’ouverture du marché, certaines échéances ont été repoussées mais cette fois-ci nous y sommes : les tarifs vert et jaune [lire encadré page 14] disparaissent le 1er janvier 2016. Une opération qui est tout sauf anodine financièrement : alors même qu’EDF s’engage à hauteur de 55 milliards d’euros sur la rénovation de son parc nucléaire [appelée aussi grand carénage, NDLR], la fin de ces tarifs risque d’amputer l’entreprise de 30 % de sa part de marché. Ce qui ampute également sa capacité de financement, qu’il s’agisse du parc actuel comme de son partenariat avec Areva… Au-delà des chiffres, ce sont les citoyens de ce pays qui sont concernés. Tous les usagers qui auront – ou pas – accès à une énergie et/ou une électricité en quantité suffisante et à un prix abordable. On peut élargir cette interrogation au secteur des transports : comment seront-ils assurés ? Ou de l’industrie : comment fonctionnera-t-elle ? Notre pays ne va-t-il pas devoir apprendre à ré-émerger ? Nous ne sommes plus dans les dynamiques précédentes d’il y a vingt ans et plus… En 1946, le CNR (Conseil national de la Résistance) avait pensé de manière conjointe la reconstruction du pays et la réponse aux besoins. Les entreprises nées à partir de ces principes s’en sont peu à peu détournées, pour nourrir le capital et ses actionnaires.

B. B. : La finalité des activités humaines est effectivement une question fondamentale. Oui, la finalité d’une entreprise est de répondre aux besoins. Le capital a fait peu à peu entrer dans les têtes que la finalité était de créer de la valeur pour l’actionnaire : certes, on crée plus de valeur qu’auparavant mais ce n’est pas pour ça qu’il y a moins de pauvres ! Et pour créer de la valeur, le capital n’hésite pas à diminuer les coûts de production, à commencer par les coûts salariaux, et à multiplier les flux (d’échanges, de capitaux) complètement déconnectés de toute activité et de toute réalité physique. Cette multiplication des flux pèse de plus en plus sur l’environnement, sur le réchauffement climatique, sur l’épuisement des ressources, sur la concurrence des salariés entre eux… C’est à ce problème politique de fond auquel il faut s’attaquer, pas seulement aux questions organisationnelles.

M.-C. C. : La question des tarifs de l’électricité a été l’objet d’un rapport parlementaire récent(3) : il y est fait le constat que la concurrence a désoptimisé le système énergétique en France et provoqué l’augmentation des tarifs. Et qu’il est donc important que l’État garde la main sur un des derniers outils dont il dispose, à savoir les tarifs réglementés. Que l’on supprime par ailleurs : on en arrive à des contradictions de ce type. Ce qui tendrait à prouver que la soi-disant stratégie énergétique gouvernementale n’est en fait qu’une politique à la petite semaine ! Les tarifs réglementés sont un problème pour l’Europe, au même titre que le statut des IEG en est un pour la France, dans la mesure où ils sont des obstacles à l’ouverture à la concurrence. Faisons le lien avec la loi de transition énergétique : elle ne répond pas aux enjeux nouveaux qui nous sont posés. D’où la nécessité de nourrir la réflexion et d’être force de propositions. Notre développement ne peut plus être le même, car la question du réchauffement climatique est extrêmement importante. Nous ne pouvons pas non plus ignorer la dépendance des pays les uns vis-à-vis des autres. Si l’on veut imaginer une Europe solidaire et différente, il nous faudra répondre à ces enjeux, qui n’existaient pas en 1946. Or la CGT a des propositions, comme celle du pôle public de l’énergie qui prend en compte ces enjeux nouveaux, les évolutions du secteur et la notion – indispensable – de service public.
3) Disponible à l’adresse : http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-enq/r2618.asp

F. T.  : La situation actuelle nous montre qu’il n’y a plus de réflexion énergétique globale. Prenons l’exemple de l’allemand Eon : depuis deux ans, c’est l’énergéticien qui a vendu le plus de sociétés et de moyens de production, de transport et de distribution. Et qui dans un même temps est remonté au niveau de sa valeur boursière… On peut craindre que les groupes historiques français prennent eux aussi ce chemin-là. La décision d’Eon est limpide : je scinde mon entreprise en deux parties. Tout ce qui est énergie conventionnelle – censée ne plus avoir d’avenir – est confié à des banques et à des fonds de pension. N’est conservé dans l’autre partie que ce qui concerne les marchés émergents, d’une part et d’autre part les moyens de production de type EnR que l’on suppose « porteurs ».

Quelles convergences et quelles batailles syndicales peut-on d’ores et déjà élaborer ?

M.-C. C. : Lorsqu’on parle de dumping social, n’oublions pas qu’il s’agit aussi du marché européen. C’est – entre autres – grâce aux petits revenus versés aux salariés détachés des pays de l’est que l’industrie allemande a pu se développer. Ce qui prouve que la question des garanties collectives est essentielle. Que ce soit pour les sous-traitants ou pour tous ceux qui travaillent dans l’éolien, le photovoltaïque ou n’importe quelle EnR, notre combat doit porter sur des niveaux de garanties collectives identiques.

Et ce à l’échelle européenne pour éviter le dumping, qu’il soit social ou environnemental.

Y. L. : Tout ce qui précède montre que le coût du travail et le coût du capital sont liés. On retrouve la même constante quelle que soit la réforme : la masse salariale est clairement la variable d’ajustement. Il faut convaincre nos collègues que l’argent existe mais qu’il faut le partager autrement. Alors que le coût du travail baisse et que celui du capital augmente, ils sont en droit d’aller réclamer leur part en salaire ! D’autre part, que ce soit pour les travailleurs détachés comme pour ceux qui œuvrent dans la sous-traitance, il s’agit là de batailles primordiales pour la CGT. Il est également important d’expliquer à tous que les grandes stratégies des groupes et des entreprises impactent le quotidien des salariés : ce qui se passe sur le terrain, au jour le jour, est le fruit des exigences capitalistiques venues d’en haut.

P. P. : Il faut redonner du sens aux métiers de l’énergie. Et dire et redire que l’énergie n’est pas une marchandise comme les autres mais un produit de première nécessité. Ce qui implique, d’une part, que le secteur soit encadré par le service public et d’autre part que les salariés qui exercent ces métiers disposent de garanties collectives fortes.

C’est de cette manière que le combat que mène la CGT pour le maintien et l’amélioration du statut des IEG rejoint celui qu’elle livre pour que les salariés de la sous-traitance, dans mais aussi hors nucléaire, soient traités sur un même pied d’égalité. Ce message-là, il est à mon sens indispensable que les jeunes embauchés l’entendent et se l’approprient. À ce sujet nous devons également nous battre pour qu’EDF embauche des salariés en exécution et au statut : le bilan social de l’entreprise est de ce point de vue lamentable.

Enfin il n’est pas inutile de rappeler que la défense des droits des salariés passe par une organisation CGT forte : n’hésitons pas à dire aux salariés qu’adhérer à la CGT est une excellente manière de lutter contre la dégradation sociale !

M.-C. C. : A la CGT, ce qui guide notre réflexion et enrichit nos revendications est la question de la réponse aux besoins. C’est notre boussole… Et c’est un vrai débat en tant que tel. Car il s’agit avant tout d’une question et d’une posture démocratique.

Je pourrai multiplier les exemples pour illustrer à quel point cette interrogation – quelle réponse à quels besoins ? – reste incontournable. Pendant les débats sur la loi de transition énergétique, on a entendu maintes fois l’affirmation selon laquelle il faut diminuer la consommation énergétique.

Mais s’agit-il de sobriété, comme le disent certains ? La CGT pour sa part parle d’efficacité, ce qui n’est pas la même chose. La même approche peut être faite sur les questions d’utilité sociale, de durabilité, d’interconnexion… Pour que les salariés et les citoyens aient pleinement conscience de tous ces enjeux, il nous faut donc expliquer et dévoiler les stratégies. Autour de la sous-traitance par exemple, qui est une bagarre tout à fait essentielle, il faut rappeler qu’elle est au cœur du processus d’exploitation capitaliste. Tout comme les transports sont au cœur des questions de réchauffement climatique car au cœur même du développement libéral. Certes ces batailles sont difficiles à mener…

Mais cela nous donne aussi des perspectives. Nous sommes un pays riche, la 5e puissance mondiale, mais avec un gros problème d’avenir industriel et de coût du capital : il est urgent de relever la tête et de réclamer d’autres politiques. Enfin je crois qu’il est possible de gagner, tous les jours, ne serait-ce qu’un peu.

Une embauche au statut, un site qui ne ferme pas, une activité qui n’est pas filialisée : le combat syndical est là aussi et se gagne tous les jours. A condition de le mener avec les salariés.

Propos recueillis par Christian Valléry