Déclaration CGT N°2 au CSE EDF R&D – Séance du 17 septembre 2020

Dans le cadre des nouvelles instances CSE, les élus du personnel sont appelés pour la 1ère fois à EDF R&D à donner un avis global sur la « politique sociale »de l’entreprise et de l’établissement (pour nous EDF R&D).

Plusieurs volets de cette politique sociale ont été soumis à discussion et regroupés dans un document global qui est soumis à l’avis des élus en CSE : il s’agit de l’égalité professionnelle, de la formation, des rémunérations, du handicap, de la santé-sécurité au travail.

Nous tenons à rappeler que cette « consultation » des représentants du personnel a lieu dans le cadre d’une unique Instance Représentative du Personnel (le CSE) en lieu et place des comités d’hygiène et de sécurité (CHSCT) qui étaient dotés d’un pouvoir juridique, et de commissions obligatoires (dans le cadre des anciens comités d’établissement) telles que la commission formation. Nous CGT, avec d’autres organisations syndicales, avons combattus les ordonnances « Macron » qui imposent ces nouvelles IRP et dénoncé activement les reculs des droits des salariés qu’elles impliquent.

Mais surtout c’est sur le fond qu’il y a problème. Comment pourrions-nous donner un avis positif sur la politique sociale de l’entreprise quand on voit :

  • Nous dénonçons la réduction constante des effectifs à EDF R&D depuis des années et la politique antisociale et humainement désastreuse du « faire toujours plus avec toujours moins », alors que de plus en plus de travailleurs sont privés d’emploi. Cette intensification du travail est inacceptable. Elle ne vise qu’à augmenter les bénéfices – qui se chiffrent pourtant déjà en milliards d’euros – afin de continuer à verser des dividendes.
  • La direction continue d’afficher sa satisfaction concernant la rémunération des agents et son intention d’individualiser encore davantage la « reconnaissance ». Nous exprimons au contraire le très fort mécontentement des agents concernant les rémunérations. Les évolutions de salaire sont très insuffisantes, que ce soit le SNB, dont les revalorisations sont quasi nulles et très inférieures à l’inflation, ou les avancements au choix qui privilégient systématiquement les managers au détriment des autres filières, comme la filière expertise qui est de plus en plus dévalorisée, ou les antennes de gestion et les fonctions support tertiaires, dont la situation est catastrophique. Ces trop faibles rémunérations, notamment pour les collèges maîtrise et en particulier les techniciens, sont une des principales causes de l’augmentation très nette et préoccupante du nombre de démissions : 18 en 2019 contre 11 l’année précédente et 7 en 2017. La direction ne fournit aucune analyse à ce sujet !
  • Nous dénonçons le peu de places accordées aux questions de santé sécurité et de prévention alors que le bilan de l’accidentologie de 2019 est très mauvais (une
    multiplication par 2 de l’accidentologie est constatée en 2019 comparé aux moyennes annuelles antérieures) et les chiffres d’absence pour maladie de plus en plus inquiétants (en hausse constante depuis plusieurs années : +20% en 2 ans) ;

La question des risques dits psycho-sociaux (RPS) est insuffisamment traitée au regard de leurs importances et de leurs impacts sur l’accidentologie. La direction n’affiche aucune volonté de résoudre la principale cause structurelle de souffrance au travail qu’est la charge de travail toujours trop lourde pour les agents. Une véritable prise en compte des moyens nécessaire à un travail de R&D est absolument nécessaire : présence effective des agents formés et opérationnels pour la réalisation des travaux prévus mais aussi maintien des compétences et développement de l’expertise, et gestion des aléas intrinsèques au travail de R&D et donc réévaluation des livrables et échéances en fonction des circonstances concrètes. La Direction refuse d’aborder ces questions plusieurs fois abordées par notre délégation en CSE et en CSSCT.

Nous considérons que le bilan social annuel devrait a minima comporter :

  1. Des informations plus complètes sur l’accidentologie, les situations dangereuses, les événements à haut potentiel ;
  2. Une cartographie des postes à risques de la R&D par type de risque et nombre de salariés concernés ;
  3. Un véritable suivi détaillé des RPS.

Nous sommes, de plus, en désaccord total avec l’application des nouvelles lois concernant la médecine du travail. Ce choix de la Direction risque d’avoir des conséquences graves pour les salariés. Ces mesures conduisent en effet à une diminution très importante de la capacité des médecins du travail à assumer leur mission de veille sanitaire. Tous nos collègues ont pu constater que la fréquence des visites médicales a très nettement chuté ces dernières années. Une bonne prévention passe au contraire par un suivi régulier de la santé au travail des agents que les médecins disent eux même ne aps être en mesure de réaliser.

  • Nous déplorons la réduction constante du nombre d’heures de formation à la R&D, de même que la casse des droits salariaux en matière de formation avec la disparition du CIF.
  • Nous tenons à rappeler également que la résolution sur l’égalité professionnelle votée au CE lors du précédent mandat n’a pas été appliquée.

Cette résolution exigeait :

  1. La revalorisation des carrières des agents dans les fonctions supports et administratives, notamment en remettant en application les postes d’appui gestion et RH en GF 10-11-12;
  2. L’embauche statutaire d’assistantes pour faire face à la charge de travail croissante démontrée dans l’enquête et au report de ces tâches essentielles sur les chercheurs ;
  3. Le maintien et la promotion des 32h plébiscitées par les répondants à l’enquête ;
  4. La mise en place d’un véritable dispositif pour lutter contre les situations de harcèlement sexuel et les agissements sexistes au travail que l’enquête avait mis en évidence.
  • Nous déplorons l’insuffisance des mesures d’aide aux travailleurs handicapés et les défauts de politique d’intégration réelle dans les équipes, avec absence d’une organisation du travail collective adaptée pour accueillir ces personnes comme elles doivent l’être, pour que le travail s’adapte à eux et non pas l’inverse.

Et alors que nous apprenons que la direction et les patrons de la branche des IEG souhaitent s’attaquer à nouveau à notre grille de salaire …la direction indiquant que 2,5% d’augmentation de salaire correspondant au taux moyen de nos NR, c’est beaucoup, donc trop, dans la période actuelle !

Pour toutes ces raisons, la CGT donnera un avis NEGATIF sur la politique sociale de l’entreprise et de la R&D.