La mobilisation massive des agents d’EDF pour le retrait du projet de démantèlement d’EDF a permis une large prise de conscience dans le monde politique, associatif des risques associés au projet Hercule.

8 avril 1946 : Publication de la loi de nationalisation de l’électricité et du gaz et de création d’EDF, dans un contexte de conquêtes sociales sans précédents d’après-guerre,

8 avril 2021 : Depuis 18 mois les agents d’EDF sont engagés pour stopper le démantèlement de l’entreprise EDF, défendre le secteur public de l’électricité et sortir ce bien essentiel qu’est l’électricité, des lois absurdes du marché. L’idée est plus que jamais moderne et essentielle face aux enjeux sociaux et environnementaux actuels, exacerbés par la crise sanitaire que nous traversons.

 

PRÉPARONS le 8 AVRIL 2021 : TOUS EN GRÈVE POUR LE RETRAIT d’HERCULE

La dette d’EDF est invoquée pour justifier le projet de démantèlement Hercule

Sans le marché, la dette n’est pas un problème.

La mobilisation massive des agents d’EDF pour le retrait du projet de démantèlement d’EDF a permis une large prise de conscience dans le monde politique, associatif des risques associés au projet Hercule. Les difficultés actuelles à finaliser le projet ne signifient pas que Macron a renoncé à son projet qu’il a imaginé avec les banques d’affaires dès 2016, alors qu’il était ministre du gouvernement Hollande. Aujourd’hui la dette d’EDF justifierait toute la politique de marche au démantèlement d’EDF. Le PDG d’EDF annonce 42 milliards d’endettement. Sans attendre une « réorganisation » qu’il appelle de ses voeux, celui-ci a déjà mis en oeuvre un nouveau plan d’austérité « Mimosa » qui a des impacts en termes de postes et de budgets pour nos activités de R&D.

Il convient donc de revenir sur la dette d’EDF et de donner des explications :

♣ D’où vient la dette actuelle : dividendes et ouverture forcée à la concurrence

  • pour 1/3 du versement des dividendes : des dividendes qui n’existaient pas avant 2005 et le changement de statut d’EDF devenue alors « EDF SA ». Certaines années ce sont plus de 2 milliards d’euros qui ont été versés aux actionnaires c’est à dire en grande part à l’état, lui permettant d’ alimenter sa politique plus favorable aux marchés financiers et aux multinationales qu’aux salariés, à la population et aux services publics (il suffit de voir la politique menée à l’éducation nationale, pour la recherche publique ou dans les hôpitaux …).
  • pour 1/3 des investissements calamiteux faits par nos dirigeants à l’étranger depuis 2 décennies : 18 milliards d’euros ont ainsi été investis dans des entreprises à l’international, (11 au Royaume Uni, 6 aux USA, 1 en Belgique) qui se massivement dépréciées pour un montant de 13,8 Mds d’euros à fin 2019 (CENG :3 Mds ; Edison : 3,5 Mds ; Edf Energy :2,5 Mds ; Alpiq :1,2 Mds ; Edf Luminus : 1 Md)
  • pour 1/3 c’est le coût de l’ARENH : ce dispositif de vente à prix coutant d’un tiers de la production nucléaire, sans aucune revalorisation en près de 10 ans, mis en place par la loi NOME de 2010 pour favoriser l’émergence d’une « concurrence » à EDF. L’ARENH bénéficie ainsi aux commercialisateurs d’électricité privés mais ni aux usagers, ni aux agents !

♣ Le marché est incompatible avec un secteur nécessitant des investissements très lourds rentabilisés sur plusieurs décennies

N’oublions pas aussi la solution d’un statu quo sur EDF avec une dette qui progresse !

Quelle est la logique d’appliquer, à une entreprise comme EDF, les même règles en terme de ratios d’endettement que ceux de l’industrie « ordinaire »? (Ratios qui mesurent le temps nécessaire au remboursement de la dette en fonction du chiffre d’affaire de l’entreprise et dont la valeur impacte la notation et à la clé, les taux d’intérêt qui s’appliquent lors d’un emprunt.)

EDF n’est pas une entreprise industrielle comme les autres : investir dans un barrage hydraulique ou dans une centrale nucléaire est un investissement de l’ordre du siècle, alors qu’ un investissement classique dans l’industrie dépasse rarement les vingt ans. EDF doit donc sortir du ratio classique des financiers (dette/EBITDA < 2.5) qui n’est pas adapté au temps long des gros investissements EDF.

Par le passé, la dette d’EDF a été bien plus importante en proportion comparé à aujourd’hui sans que cela soit un frein.

♣ La dette est aggravée lorsque EDF emprunte SANS la garantie de l’État

Pour l’investissement dans les moyens de production, EDF alors entreprise publique nationalisée a su développer le parc de production, d’abord hydro-électrique, puis nucléaire avec la garantie de l’état et et des taux d’intérêt bas. EDF a pu ainsi se désendetter rapidement dans les années 90.

Avec EDF entreprise publique nationalisée, la dette n’était donc pas un problème.

Le gouvernement présente Hercule comme « la solution » pour les investissements futurs sur le parc nucléaire, et renouvelables. Le journal Le Monde mentionne un besoin de 47 milliards pour la construction de 6 nouveaux EPR, et une tribune publiée dans Les Echos en juillet 2019 parlait d’un besoin de 150 milliards. Ce quotidien proche des marchés financiers, reconnaissait même: « le nucléaire est un investissement long terme qui ne peut pas être financé efficacement par les acteurs privés ».

Pour la CGT, Hercule n’est évidemment pas une réponse aux besoins d’EDF de financer les investissements nécessaires !

Rappelons que, dans le même temps, selon un bilan présenté dans un rapport parlementaire repris par la cours de comptes en 2018, les ENR ont bénéficié depuis 15 ans de 120 milliards d’euros de subventions publiques, payées par l’usager via la taxe … Pourtant la production moyenne en France issue de ces investissements représente de l’ordre de 7% de la production annuelle, tout en présentant les problèmes de l’intermittence allant même parfois jusqu’à une production quasi nulle aux heures nocturnes sans vents.

♣ Le coût du privé est 466% plus important que celui du public !

C’est ce qui est expliqué dans le journal les Echos à propos d’Hinkley Point: « Dans une étude de 2017, la Cour des comptes anglaise a estimé le coût complet à 140 euros par mégawattheure (MWh) pour un taux de rémunération de 12 % (soit celui attendu par certains fonds privés d’investissement), il chute à 100 euros par MWh pour une rémunération de 9 % (taux minimum pour une entreprise introduite en Bourse), 70 euros par MWh pour 6 % (soit le taux habituel des investissements publics) et à seulement 30 euros par MWh en cas de retour attendu de 2 % (le taux où l’Etat français pourrait emprunter actuellement sur les marchés pour un investissement à 50 ans). »

De 30 euros du MWh avec un emprunt garanti par l’Etat français à 140 euros du MWh avec des emprunts faits selon les règles du marché : le coût du « capital » fait exploser le coût des investissements de … 466% !

Pour la CGT c’est tout le secteur de l’électricité (réseau, production, distribution…) qui ne peut pas être donné au privé, et qui doit sortir du marché, sous peine d’augmentation faramineuse du prix du kWh pour les usagers (+50% depuis 2007), de dégradation de la qualité du service et de conséquences lourdes pour les agents (pas d’augmentation de SNB, baisse des NR, ainsi que suppression de postes, et diminution des budgets.

Nous exigeons avec les agents le retrait des projets de privatisation et de démantèlement d’EDF, qui sont toujours dans les cartons du gouvernement, que ce soit Hercule en version A ou en « plan B ».

La CGT dans l’unité avec les autres organisations syndicales poursuit la mobilisation pour défendre le service public de l’électricité et EDF entreprise publique intégrée et pour continuer à exiger le retrait du projet HERCULE

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