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Serge Vidal, référent confédéral pour la PPE 2018

Bonjour messieurs et mesdames les députés,

Tout d’abord, rappelons que le CGT conteste l’objectif de baisse à 50 % de la part de l’électronucléaire dans le mix électrique d’ici 2025.

Nous revendiquons une production électrique qui réponde aux besoins, actuels en termes de sécurité d’approvisionnement et à venir. Demande à venir qui devrait inclure la réduction des inégalités, des transferts d’usages vers l’électricité et des relocalisations industrielles. Nous voulons sortir du processus de désindustrialisation du pays. Nous considérons également la lutte contre le réchauffement climatique comme un enjeu majeur. Pour avoir un mix électrique le plus économique possible, respectueux de l’environnement, des emplois et des territoires, réduire la dépendance énergétique de la France, l’électronucléaire représente un atout qu’il ne faut pas dilapider.

La révision de la programmation pluriannuelle de l’énergie, jusqu’en 2028, ne doit donc pas prévoir la fermeture de réacteurs dont le fonctionnement est autorisé par l’Autorité de sureté nucléaire. Nous considérons que les scénarios RTE, qui servent de référence au gouvernement, ne sont pas assez robustes dans la prise en compte de la demande à venir. Le lancement de nouveaux réacteurs doit aussi être programmé dans la période et le bouclage du cycle du combustible conforté.

Toutefois, au-delà de ces perspectives, nous considérons que la filière nucléaire est aujourd’hui fragilisée, par le manque de perspective et les annonces politiques, par la dérèglementation du secteur électrique, par la désindustrialisation du pays, par le sous-investissement dans la filière depuis 20 ans, par la recherche de profit et par les politiques managériales et la baisse des effectifs.

Les difficultés dans la réalisation du chantier de l’EPR à Flamanville, mais aussi à Olkiluoto, illustrent cette situation ainsi que les problèmes de réalisation du grand Carénage sur le parc actuel, révélés par la chute du GV à Paluel, ou encore la déconfiture d’AREVA.

L’affaire dite des « ségrégations carbone » a mis en lumière les difficultés de la filière, abandon de la sidérurgie française, perte de compétence technique et de leur transmission, plan de charge des usines AREVA insuffisant, organisation du travail dans ces usines déficiente, défaut de contrôle / surveillance par EDF.

Nous revendiquons une mission pour établir un état des lieux de la filière, comme cela avait été fait, en 2010, lors de la mission Roussely, et lui assurer un avenir solide et durable. État des lieux qui ne se limite pas à examiner les conditions de la décroissance comme prévu dans la mission Collet-Billon pour laquelle la CGT est auditionnée ce vendredi. Si les questions du niveau des capacités industrielles et du renouvellement des compétences sont majeures, il est nécessaire aussi d’examiner les conditions de financement des nouveaux réacteurs, de la recherche ainsi que les relations entre donneurs d’ordre et prestataires / sous-traitants.

Les capacités d’exportation de la filière sont intimement liées à l’excellence de la filière et à la réussite des projets en France.

Dans ce contexte, la CGT considère qu’un nouveau moratoire serait fatal à la filière. La fermeture des réacteurs 900 MW pourrait aussi être catastrophique pour les usines de la Hague et Mélox. Cette filière et les compétences ne peuvent pas fonctionner sur le principe de l’intermittence, du stop and go.

Une révision de la politique achat d’EDF pour permettre la contractualisation directe auprès de PME régionales, interdire le dumping social et développer le partenariat plutôt que la relation contractuelle et juridique seraient aussi des gages d’économie de long terme et d’intégration de grands chantiers dans le tissu local. Ces choix seraient aussi garants de véritables avancées dans le domaine santé sécurité au travail.

Il est nécessaire d’avoir un recouvrement de l’arrêt des installations avec la mise en service de nouveaux EPR afin de donner de la visibilité aux salariés du secteur et planifier les investissements. Le renouvellement du parc passe par la maitrise du démantèlement des anciennes installations, le développement de nouveaux EPR et la mise en service d’un prototype de 4ème génération afin d’optimiser durablement l’approvisionnement en uranium et de minimiser la production de déchets.

La question du financement des investissements et de l’exploitation est également très importante. La dérèglementation a multiplié les intermédiaires et permis des ponctions financières indues. Nous ne voulons pas que soient opposés entre eux, le renouvèlement du parc, le prolongement du parc actuel, les recherches sur la 3ème,  sur la 4ème génération, à ITER ou les organisations du travail et les salaires.

L’adhésion des travailleurs pour mener à bien les grands chantiers et assurer la pérennité de la filière est incontournable. Pour cela, un socle social de haut niveau, garantissant le droit d’intervention des salariés, depuis la conception jusqu’à la réalisation des activités, doit être garanti.

Enfin, l’acceptation sociale est déterminante pour l’avenir de la filière, pour cela le statut de salariés et le contrôle social sont des éléments clés pour assurer la qualité, et fortiori la sureté, du travail bien fait en lieu est place de critère de rentabilité à deux chiffres.

Pour la CGT, il faut une vision moyen-long terme ambitieuse pour la filière.

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